Page:Mirbeau - Théâtre III.djvu/276

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’Amant, insistant avec passion.

Confiez-vous… confiez-vous… Qu’avez-vous ?

L’Amante, agacée, elle se lève, et passe à gauche.

Mais rien… rien… (Elle pleure.) Je n’ai rien…

L’Amant, se précipitant et essayant de la reprendre.

Vous pleurez… Ah ! vous pleurez…

L’Amante

Non… je ne pleure pas… je ne pleure pas…

L’Amant

Si… si, vous pleurez…

L’Amante

Laissez-moi…

L’Amant

Je vous entends pleurer… Pourquoi pleurez-vous ?

L’Amante

Les nerfs, sans doute… la nuit, peut-être… (Un peu amère.) Peut-être ces clartés… ce rêve nocturne… et nos joies !… Ce n’est rien, vous voyez… je ne pleure pas… (Elle sanglote.) Mais c’est absurde… je ne veux pas… je ne veux pas pleurer…

L’Amant, troublé, cherchant ses mots.

Chère aimée… chère adorée… chère mienne… car vous êtes mienne, n’est-ce pas ?… Et moi… moi… je suis vôtre… (Geste de dénégation triste de l’amante.) Oui, enfin… nous sommes nôtres… tous les deux…

L’Amante, secouant la tête avec des gémissements.

Oh ! si peu… si peu…

L’Amant

Écoutez-moi… Je ne veux pas que vous pleuriez…