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Courtin, embarrassé.

C’est bien… c’est bien… On ne visitera pas l’infirmerie… Au moins, vous auriez pu me prévenir… (On entend un grand cri qui semble venir de la porte de droite. Courtin et Mlle Rambert écoutent, se regardent. Un silence.) Qu’est-ce que c’est ?…

Mademoiselle Rambert, après avoir encore écouté.

Rien… ce n’est rien… (Un second cri éclate, s’éloigne, cesse.) Voulez-vous que j’aille voir ?

Courtin, nerveux, retenant Mlle Rambert.

Non, non… restez !… Il faut absolument que nous fassions ensemble une inspection rapide, pour remédier à ce qui est remédiable… J’aurais voulu pouvoir vous adresser des compliments…

Mademoiselle Rambert, éclatant.

Ah ! il faut être juste, à la fin… Je ne peux pas tout faire… être partout à la fois… Je suis à bout de forces, et aidée… il faut voir !… Presque plus de personnel… pas d’argent… jamais d’argent !… Aucun n’est payé… Hier soir, j’ai dû renvoyer deux surveillantes, et prendre, sur ma bourse à moi, l’argent de leurs gages. Ce n’est pas pourtant qu’on ne me doive rien… Vous m’aviez promis quinze cents francs, pour ce matin. Je ne les ai pas, naturellement… Voilà plus de trois semaines que vous m’annoncez une somme sur l’allocation des cent mille francs du Pari mutuel… Je ne les ai pas davantage…

Courtin

Vous savez bien que j’ai dû payer les entrepreneurs…

Mademoiselle Rambert

Six mille francs… je le sais… Non… non… (Elle tamponne ses yeux.) il faut être juste…