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taire d’une prison, à Nantes… Je fabriquais des chaises de paille… des chaises de pauvres… et je soumissionnais la nourriture des prisonniers… Enfin… quelque chose dans le genre du Foyer… (Mouvement de Courtin.) Deux de mes prédécesseurs s’y étaient ruinés… Moi, j’ai toujours réalisé, bon an, mal an, vingt mille francs de bénéfice…

Biron

Sacré Lerible !… Et vous l’avez toujours, votre prison ?

Lerible

Hélas ! non !… (Levant les bras.) Ils en ont fait, monsieur Biron, une prison humanitaire !…

Biron, à Courtin.

Que dites-vous de ça ?… (Tapant sur l’épaule de Lerible) Voilà l’homme qu’il vous fallait…

Courtin, s’asseyant, découragé.

Oh ! j’ai bien peur… j’ai affreusement peur… que nous fassions fausse route… (À Lerible.) Le Foyer est une œuvre de charité… Qu’est-ce que vous allez faire de la charité ?

Lerible

Bien sûr… Mais, je vais vous dire, monsieur le baron, la charité n’est pas mon métier…

Courtin, méprisant.

Monsieur, la charité n’est pas un métier.

Courtin se lève.
Lerible

Le fait est…