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point sublime que le pauvre grand artiste ne pouvait croire à tant de générosité. Il ne s’agissait plus que de signer un papier. Rendez-vous était pris : « Je n’ai pu aller au rendez-vous, écrit-il… Au dernier moment, je me suis aperçu que mes plus belles bottines étaient toutes crevées et qu’elles bâillaient par le bout, comme des museaux de carpes… Tu vois d’ici la figure du bon éditeur, au spectacle de mes bottines, son repentir de m’avoir offert un peu d’argent, et comme il eût déchiré le traité… Il faut attendre une meilleure chance. »

Cette meilleure chance, on crut qu’il allait enfin la tenir, avec l’Apollonide.

Liszt aimait Franz Servais comme un fils. Il avait guidé sa jeunesse à travers la vie périlleuse, excessive des artistes. Il entourait maintenant son génie, en lequel il avait foi, de toutes les tendresses