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fut peut-être le seul à qui Wagner lui-même n’apporta que de grandes joies d’artiste, sans le détourner de son rêve… Il avait connu Wagner et Wagner lui avait marqué — chose rare — de l’amitié et de l’estime. Dans un voyage qu’il fit à Munich, et dont il avait des souvenirs extraordinaires, il avait, pour ainsi dire, vécu dans l’intimité du « Dieu ». La retentissante gloire de Wagner affolait tout le monde alors, révolutionnait toutes les esthétiques. Même ceux, comme M. Saint-Saëns et comme M. Massenet qui faisaient au maître allemand une guerre sourde et rageuse, ne s’en appropriaient pas moins, autant qu’ils pouvaient, sa méthode, et tentaient de rajeunir leurs œuvres menacées à cette source nouvelle, torrentueuse et féconde. Franz Servais, lui, admira, s’enthousiasma pour cette musique rénovatrice, qui était plus