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très ample, sans aucun artifice, sans nulle tricherie. Rien n’est éludé ; chaque syllabe du poème a son répondant mélodique. Œuvre parfaite et grandiose, œuvre d’une âme d’élite où sont peintes, magistralement, toutes les passions humaines, évoluant autour de ce sublime thème central : l’amour maternel !… Œuvre que Racine eût aimée, que Beethoven et Gluck eussent admirée, et devant laquelle le grand Liszt eût pleuré de joie, en écoutant chanter ce clair génie qu’il avait promis au monde !

Eh bien ! l’Apollonide n’est pas représenté. Cette œuvre, qui a des répondants illustres et d’augustes patronages, va de théâtre en théâtre, de France en Europe, refusée… Après mille déboires, on la joue, enfin, au théâtre de Carlsruhe. Elle est acclamée ; donc elle est sauvée !