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— Pourquoi dit-il que ça n’est pas convenable d’être ensemble ? interrogeait Sébastien, poursuivi par cette remontrance du Père, à laquelle il ne comprenait rien.

— Parce que, répondait Bolorec, l’année dernière, chez les moyens, on en a surpris deux, Juste Durand et Émile Caradec, qui faisaient des saletés dans les salles de musique.

— Quelles saletés ?

— Des saletés ! quoi ?…

Et, avec une grimace de dégoût, il ajoutait :

— Des saletés… comme quand on fait des enfants…

Sébastien rougissait, n’essayait pas d’approfondir les paroles de Bolorec, où il devinait des analogies coupables, des correspondances honteuses, avec les questions dont le Père Monsal l’accablait, à confesse.


Les semaines passèrent ainsi, jusqu’aux vacances de Pâques, coupées, au carnaval, de fêtes très gaies, de plantureux repas, de représentations théâtrales, de loteries, où ceux qui ne gagnaient rien, gagnaient des plats de bouillie qu’il fallait manger, sur la scène, devant tout le monde, riant et applaudissant. Il y eut une joute académique, où les élèves de philosophie disputèrent avec éloquence sur Descartes et lancèrent à Pascal des traits spirituels et méchants ; il y eut des concerts, des assauts d’escrime, toute une série de divertissements en costumes historiques, auxquels Sébastien, malgré la nouveauté de ces spectacles, prit un plaisir médiocre, le plaisir d’être plus seul avec