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lointaines ; et du ciel, au-dessus, qui se colore comme les joues d’un fiévreux, tombent on ne sait quelle mélancolie magnifique, quel austère enivrement. Un épervier y plane, immobile, et des vols de corbeaux s’y succèdent, se hâtant vers les grands bois rouges.

Les haies s’éclaircissent et sont redevenues muettes ; le jour troue de mille mailles leur épais manteau de feuillage roussi. Des bandes de passes et de verdiers, abattus sur les fruits de l’épine et de l’églantier, s’envolent silencieux, au moindre bruit, pareils dans l’espace, à des poignées de graines lancées par la main d’un invisible semeur… Les merles se taisent, morne est la fauvette ; seul le rouge-gorge maudit, à petits cris, le froid qui commence.



Dans un chemin.

LE PASSANT. — Pourquoi es-tu affaissé dans la boue, et pourquoi pleures-tu ?