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XXIII


Avant de quitter les Pyrénées et Clara Fistule, et Robert Hagueman, et Triceps, tous ces pauvres êtres ridicules ou misérables, qui ne m’ont pas un instant distrait de mon ennui, j’ai voulu voir mon ami Roger Fresselou, qui habite, depuis des années et des années, un petit village dans la montagne ariégeoise, le Castérat.

Voyage long et pénible. Après six jours de marches rudes et de pénibles ascensions, éreinté, courbaturé, j’arrivai au Castérat, à la tombée de la nuit. Figurez-vous une trentaine de maisons groupées sur un étroit plateau qu’environne, de tous côtés, un immédiat horizon de montagnes noires et de pics neigeux. Tout d’abord, l’aspect en est grandiose, surtout si la brume recule un peu l’horizon, l’opalise et le recouvre de poudre d’or. Mais cette impression disparaît vite, et, devant ces hautes murailles, l’on se sent aussitôt envahi