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Belges, le prince de Galles et tous les rois, et tous les riches et tous les heureux, à venir avec moi, dans les maisons publiques de Montmartre, dans les prisons, au Dépôt… pour qu’ils aient honte de leurs richesses et de leur bonheur… et pour qu’ils apprennent à aimer les filles et à chérir les souteneurs, et tous les braves cœurs contre qui ils dressent des lois, des limiers de police, des échafauds, alors qu’ils devraient leur élever des palais, des statues.

Pour le peuple de Paris et pour les paysans que j’aime, j’irai… oui, j’irai inviter galamment M. Georges Leygues et M. Roujon à me suivre dans les théâtres de Paris, au musée du Louvre… et dans les Académies, et dans les Sorbonnes… Ça fait pitié !

Et j’irai à Rome pour dire au pape que le peuple de Paris et les paysans que j’aime ne veulent plus de son Église, de ses prêtres et de ses prières… Et j’irai dire aux rois, aux empereurs, aux Républiques, que c’en est fini de leurs armées, de leurs massacres… de tout ce sang, de toutes ces larmes, dont ils couvrent l’univers, sans raison…

Et je promènerai mon couteau et mes mains rouges sur toutes ces faces, dans tous ces ventres.

Et ainsi sera accompli mon rôle de danger social…

J’ai le très ferme espoir de vous voir bientôt, un jour que vous ne serez pas surchargé de besogne, que vous rentrerez chez vous de bonne