Page:Mirbeau - Les Vingt et un Jours d’un neurasthénique, 1901.djvu/331

Cette page n’a pas encore été corrigée

parce que… ce que vous avez fait… c’est très bien… Mais… que voulez-vous ?… La loi est la loi… il faut que force reste à la loi… Diable de sacré bonhomme !… Quelle idée, aussi !…

« Pendant qu’il parlait, il faisait sauter dans sa main le portefeuille… Et il continuait :

» – Voilà ce portefeuille… D’accord… À votre place, et dans votre situation, il n’y en a peut-être pas beaucoup qui l’eussent rapporté… J’en conviens… Je ne veux pas prétendre que vous ayez été un imbécile, de le rapporter, ce portefeuille… Non… au contraire… Votre action est fort méritoire… elle est digne d’une récompense… Et cette récompense… que je ne juge pas inférieure à cent sous… vous l’aurez sans doute, dès que nous aurons retrouvé – si nous la retrouvons jamais – la personne à qui appartient ce portefeuille et les dix billets de mille francs qu’il contient… Oui, mais il ne s’ensuit pas pour cela que vous ayez un domicile… et tout est là, Jean Guenille… Comprenez-moi bien… Il n’existe pas, dans le Code, ni ailleurs, un article de loi qui vous oblige à retrouver, dans la rue, des portefeuilles garnis de billets de banque… Il y en a, au contraire, un qui vous force à avoir un domicile… Ah ! vous eussiez mieux fait, je vous assure, de trouver un domicile, plutôt que ce portefeuille…

» – Alors ?… demanda Jean Guenille.

» – Alors, répondit le commissaire… Voilà… Vous allez