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de cidre vides, et les outils de travail, et les paniers, il cherche une grosse corde qui lui sert à rouler ses fûts de boisson… Et puis il remonte dans son clos.

« Au milieu du clos est un grand noyer qui étend ses branches noueuses et solides au-dessus de l’herbe, parmi le ciel que nacrent les premiers rayons de lune. Il attache la corde à une des branches hautes, car il a grimpé dans l’arbre au moyen d’une échelle, et il est monté de fourche en fourche ; puis il noue la corde autour de son cou et se laisse tomber, d’un bloc, dans le vide… La corde, en glissant, a crié sur la branche, la branche a fait entendre un léger craquement…

« Le lendemain, le facteur apporte l’autorisation du préfet… Il voit le pendu qui se balance, au bout de la corde, dans le clos, parmi les branches de l’arbre où deux oiseaux s’égosillent. »


Puis un quatrième raconte :

« Un soir, tard, après une journée infructueuse, Jean Guenille se décida à rentrer chez lui… Chez lui !… Il appelait ainsi un banc qu’il avait choisi dans le square de la place d’Anvers, et sur lequel, depuis plus d’un mois, il dormait, avec la voûte d’un marronnier pour baldaquin… À ce moment précis, il se trouvait sur le boulevard, devant le Vaudeville, où la concurrence, de soir en soir plus nombreuse, son peu d’agilité à se remuer, la