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XVIII


Rencontré, hier, deux personnages assez inquiétants : un maire breton, M. Jean Le Tregarec ; un clubman parisien, M. Arthur Lebeau. Le maire d’abord.


Sur la côte bretonne, entre Lorient et Concarneau, est un village, Le Kernac.

Des dunes plates, mouvantes, où croissent de maigres pissenlits et des pavots cornus, séparent Le Kernac de la mer. Une crique, bien abritée des vents de sud-ouest par de hautes murailles de rocs rouges et carrés, pourvue d’une estacade et d’un quai, sert d’abri aux chaloupes de pêche, aux petits caboteurs fuyant le gros temps. Derrière le village, aux rues resserrées et dévalantes, les terrains ont un aspect désolé. Ce sont, dans une sorte de cuvette, formée par de circulaires coteaux de landes, des prairies marécageuses où, même par les secs étés, l’eau stagne, huileuse