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la science, qu’il considère comme son fief exclusif. Bien à tort, j’ose le dire. Pourtant, mes travaux antérieurs et mes subséquentes recherches devraient m’être une attestation sérieuse que je ne suis pas le premier venu, en cette partie de l’intelligence humaine. Faut-il rappeler que c’est moi qui déterminai la loi, si intéressante et si nouvelle, de l’ambulation chez les végétaux ? Quant à mes observations sur la bi-mentalité et l’autocriminologie de l’araignée, elles révolutionnèrent la physiologie de cet articulé aptère, au point que sir John Lubbock, à qui je les adressai, consignées dans un lumineux rapport, devint si furieux qu’il fallut toute l’habileté de M. le baron de Courcel, à cette époque notre ambassadeur à Londres, pour empêcher l’Angleterre de faire encore des bêtises en Égypte.

Il est heureux, cependant, que les simples poètes corrigent parfois les erreurs des savants, et je ne veux pas songer à l’affreuse nuit intellectuelle en laquelle nous resterions plongés si nous n’avions jamais que les savants pour nous expliquer le peu que nous savons des secrets de la nature. L’alchimiste Van Helmont, qui fut pour son temps un considérable savant, intuitif passionné autant qu’expérimentateur rigoureux, dota la science de la théorie de la génération spontanée. Voici, comment. Un soir, il mit dans son jardin, sous un pot de fleurs hermétiquement fermé, quelques noix sèches. Le lendemain, il souleva le pot,