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XII


J’ai fait, aujourd’hui, une découverte importante sur l’invulnérabilité du hérisson au venin de la vipère, et je vous demande, ô lecteurs futurs, la permission de m’en réjouir avec vous.

Cette invulnérabilité n’est pas due, comme le croient les naturalistes, lesquels ne voient jamais plus loin que le bout de leur scalpel, à des particularités physiologiques qui rendraient le hérisson constitutionnellement réfractaire aux intoxications vipérines ; elle vient uniquement de l’étonnante roublardise dont la nature doua ce petit quadrupède, et de la merveilleuse ingéniosité qu’il déploie dans la lutte pour la vie. Je le démontrerai tout à l’heure.

Si je ne fais point part de ma découverte à ce qu’on appelle le monde savant, c’est que je le sais par nature peu accueillant aux libres observateurs, et, par système, franchement hostile aux incursions des littérateurs dans le domaine de