Page:Mirbeau - Le Journal d’une femme de chambre.djvu/254

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Aujourd’hui, Joseph a repris ses habitudes de silence… On dirait que rien ne s’est passé, hier soir, entre nous… Il va, il vient, il travaille… il mange… il lit son journal… comme tous les jours… Je le regarde, et je voudrais le détester… je voudrais que sa laideur m’apparût telle, qu’un immense dégoût me séparât de lui à jamais… Eh bien, non… Ah ! comme c’est drôle !… Cet homme me donne des frissons… et je n’ai pas de dégoût… Et c’est une chose effrayante que je n’aie pas de dégoût, puisque c’est lui qui a tué, qui a violé la petite Claire dans le bois !…