Page:Mirbeau - Le Jardin des supplices.djvu/63

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un glorieux savant… Ton exil, que tu sauras employer, je n’en doute pas, à de grandes choses, retrempera tes énergies pour les luttes futures… Il les retrempera aux sources mêmes de la vie, dans le berceau de l’humanité que… de l’humanité dont… Pars… et si, à ton retour, tu retrouvais — ce que je ne puis croire — si tu retrouvais, dis-je, les mauvais souvenirs persistants, les difficultés… les hostilités… un obstacle enfin à tes justes ambitions… dis-toi bien que tu possèdes sur le personnel gouvernemental assez de petits papiers, pour en triompher haut la main… Sursum corda !… Compte sur moi, d’ailleurs… Pendant que tu seras là-bas, courageux pionnier du progrès, soldat de la science… pendant que tu sonderas les golfes et que tu interrogeras les mystérieux atolls, pour la France, pour notre chère France… je ne t’oublierai pas, crois-le bien… Habilement, progressivement, dans l’Agence Havas et dans mes journaux, je saurai créer de l’agitation autour de ton jeune nom d’embryologiste… Je trouverai des réclames admirables, pathétiques… « Notre grand embryologiste »… « Nous recevons de notre jeune et illustre savant dont les décou-