Page:Mirbeau - Le Jardin des supplices.djvu/275

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

génie… Ah ! l’admirable supplice !… et si discret, puisqu’il s’accomplit dans les ténèbres… et dont l’horreur, quand on y réfléchit un peu, ne saurait être égalée à aucune autre… D’ailleurs, comme le supplice de la caresse, il est très rare aujourd’hui, et tu as de la chance de l’avoir vu, à ta première visite dans ce jardin… On m’a assuré que les Chinois l’avaient rapporté de Corée, où il est très ancien et où, paraît-il, il est demeuré fréquent… Nous irons en Corée, si tu veux… Les Coréens sont des tortureurs d’une férocité inimitable… et ils fabriquent les plus beaux vases du monde, des vases d’un blanc épais, tout à fait unique, et qui semblent avoir été trempés… ah ! si tu savais ! — dans des bains de liqueur séminale !…

Puis, revenant au cadavre :

— Je voudrais savoir qui est cet homme !… Car on n’ordonne, ici, le supplice de la cloche, que pour les criminels de qualité… les princes qui conspirent… les hauts fonctionnaires qui ne plaisent plus à l’Empereur… C’est un supplice aristocratique et presque glorieux…

Elle me secoua le bras :