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patiente, étouffée, respectueuse et qui, cous tendus, yeux ronds, hagarde et bavarde, regarde s’accomplir un mystère qu’elle ne comprend pas.

Nous nous approchâmes encore.

— Vois, mon chéri, me dit Clara, comme tout cela est curieux et unique… et quelle magnificence !… En quel autre pays, trouver un pareil spectacle ?… Une salle de torture parée comme pour un bal… et cette foule éblouissante des paons, servant d’assistance, de figuration, de populaire, de décor à la fête !… Dirait-on pas que nous sommes transportés, hors la vie, parmi les imaginations et les poésies de très anciennes légendes ?… Est-ce que, vraiment, tu n’es pas émerveillé ?… Moi, il me semble que je vis ici, toujours, dans un rêve !…

Des faisans, aux plumages éclatants, aux longues queues orfévrées, volaient, se croisaient au-dessus de nous. Plusieurs osèrent se percher, de place en place, sur le sommet des tiges en fleurs.

Clara, qui suivait tous les caprices de formes et de couleurs de ces vols féeriques, reprit, après quelques minutes d’un silence charmé :