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vous mettez un très gros rat, qu’il convient d’avoir privé de nourriture, pendant deux jours, afin d’exciter sa férocité… Et ce pot, habité par ce rat, vous l’appliquez hermétiquement, comme une énorme ventouse, sur les fesses du condamné, au moyen de solides courroies, attachées à une ceinture de cuir, qui lui entoure les reins… Ah ! ah ! ça se dessine !…

Il nous regarda, malicieusement, du coin de ses paupières rabattues, afin de juger de l’effet que ses paroles produisaient sur nous…

— Et alors ?… fit Clara, simplement.

— Alors, milady, vous introduisez, dans le petit trou du pot — devinez quoi ?

— Est-ce que je sais, moi ?…

Le bonhomme se frotta les mains, sourit affreusement, et il reprit :

— Vous introduisez une tige de fer, rougie au feu d’une forge… d’une forge portative qui est là, près de vous… Et, quand la tige de fer est introduite, que se passe-t-il ?… Ah ! ah ! ah !… Imaginez vous-même ce qui doit se passer, milady ?…

— Mais allez donc, vieux bavard !… ordonna mon amie dont les petits pieds colères trépignaient le sable de l’allée…