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qui semblent avoir été enduits de laques polychromes ; pyrus, poudrés de mica ; lauriers sur lesquels miroitent et papillotent les mille facettes d’un cristal irisé ; caladiums dont les nervures de vieil or sertissent des soies brodées et des dentelles roses ; thuyas bleus, mauves, argentés, panachés de jaunes malades, d’orangés vénéneux ; tamarix blonds, tamarix verts, tamarix rouges, dont les branches flottent et ondulent dans l’air, pareilles à de menues algues dans la mer ; cotonniers dont les houppes s’envolent et voyagent sans cesse à travers l’atmosphère ; salix et l’essaim joyeux de leurs graines ailées ; clérodendrons étalant ainsi que des parasols leurs larges ombrelles incarnadines… Entre ces arbustes, dans les parties ensoleillées, des anémones, des renoncules, des heucheras se mêlaient au gazon ; dans les parties ombrées se montraient d’étranges cryptogames, des mousses couvertes de minuscules fleurettes blanches, et des lichens semblables à des agglomérations de polypes, à des masses madréporiques. C’était un enchantement perpétuel.

Et, de cet enchantement floral, se dressaient des échafauds, des appareils de cruci-