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roman : La jeune fille qui offre ses seins, ou : L’eau qui dort sous la lune, ou : Le Soleil dans la forêt, ou : Le premier désir de la Vierge couchée, ou Ma robe n’est plus toute blanche parce qu’en la déchirant le Fils du Ciel y a laissé un peu de sang rose ; ou bien encore, celle-ci : J’ai joui de mon ami dans le jardin.

Et Clara, qui me contait ces choses gentilles, s’écriait, indignée, en frappant le sol de ses petits pieds, chaussés de peau jaune :

— Et on les traite de magots, de sauvages, ces divins poètes qui appellent leurs fleurs : J’ai joui de mon ami dans le jardin !…


Les Chinois ont raison d’être fiers du Jardin des Supplices, le plus complètement beau, peut-être, de toute la Chine, où, pourtant, il en est de merveilleux. Là, sont réunies les essences les plus rares de leur flore, les plus délicates, comme les plus robustes, celles qui viennent des névés de la montagne, celles qui croissent dans l’ardente fournaise des plaines, celles aussi, mystérieuses et farouches, qui se dissimulent au plus impénétrable des forêts et auxquelles les superstitions populaires prêtent des âmes de génies