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un bondissement de chien… C’était Clara… Elle était vêtue, moitié à la chinoise, moitié à l’européenne… Une blouse de soie mauve pâle, semée de fleurs à peine dorées, l’enveloppait de mille plis, tout en dessinant son corps svelte et ses formes pleines… Elle avait un grand chapeau de paille blonde, au fond duquel son visage apparaissait, pareil à une fleur rose dans de l’ombre claire… Et ses petits pieds étaient chaussés de peau jaune…

Quand elle entra dans le kiosque, ce fut comme une explosion de parfums…

— Vous me trouvez drôlement fagotée, n’est-ce pas ?… Ô l’homme triste d’Europe, qui n’a pas ri, une seule fois, depuis qu’il est de retour… Est-ce que je ne suis pas belle ?…

Comme je ne me levais pas du divan où je m’étais allongé :

— Vite ! vite !… mon chéri… Car il faut que nous fassions le grand tour… Je mettrai mes gants en route… Allons… Venez !… Non… non… pas vous !… ajouta-t-elle, en repoussant doucement le chien qui jappait, bondissait, frétillait de la queue…

Elle appela un boy et lui recommanda de nous suivre avec le panier à viande et la petite fourche.