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votre âme… de tout ce paradis et de tout cet enfer, qui est vous… si j’hésitais plus longtemps… Et puis… je ne pourrais pas… je ne pourrais pas te perdre… Tout concevoir, hormis cela… Tu as raison… Je suis à toi… emmène-moi où tu voudras… Souffrir… mourir… il n’importe !… puisque tu es, toi que je ne connais pas encore, mon destin !…

— Ô bébé !… bébé !… bébé !… fit Clara sur un ton singulier, dont je ne sus pas démêler l’expression véritable, et si c’était de la joie, de l’ironie ou de la pitié !

Puis, presque maternelle, elle me recommanda :

— Maintenant… ne vous occupez de rien que d’être heureux… Restez là… regardez l’île merveilleuse… Je vais régler avec le commissaire votre nouvelle situation à bord…

— Clara…

— Ne craignez rien… Je sais ce qu’il faut dire…

Et comme j’allais émettre une objection :

— Chut !… N’êtes-vous pas mon bébé, cher petit cœur ?… Vous devez obéir… Et puis, vous ne savez pas…