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Quelque temps avant la chute de M. Méline, un de mes amis dînait, dans une maison, avec le président du conseil… C’était dans la plus stricte intimité.

Après le dîner, au fumoir, causant familièrement avec M. Méline, mon ami, à brûle-pourpoint, lui demanda :

— Et l’affaire Dreyfus, monsieur le président ?… Ah ! comme je voudrais avoir, une bonne fois, votre opinion vraie !…

— Comment, mon opinion vraie ?… répliqua le ministre, que cette exclamation fit sursauter, violemment… Mais, mon cher monsieur, mon opinion vraie est que Dreyfus est coupable… archi-coupable !… J’en ai des preuves écrasantes !…