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existence particulière, c’était la Prostitution elle-même, vautrée, toute grande, sur le monde ;

Félicien Rops, Pornocrates

l’Idole impure, éternellement souillée, vers laquelle couraient des foules haletantes, à travers des nuits tragiques, éclairées par les torches de baphomets monstrueux… Longtemps, je restai là, les coudes sur la table, la tête dans les mains, les yeux fixés, entre deux glaces, sur un panneau où des fleurs étaient peintes… Je quittai enfin le café, et je marchai devant moi, sans savoir où j’allais, je marchai, je marchai… Après une course longue, sans que j’eusse projeté de venir là, je me trouvai dans l’avenue du Bois-de-Boulogne, près de l’Arc de Triomphe… Le jour commençait de baisser… Au-dessus des coteaux de Saint-Cloud qui se violaçaient, le ciel s’empourprait glorieusement, et de petits nuages roses erraient dans l’espace d’un bleu très pâle… Le bois se tassait, plus sombre : une poussière fine, rouge des reflets du soleil mourant, s’élevait de l’avenue, noire de voitures… Et les voitures compactes, serrées en files interminables, passaient sans cesse, traînant les filles de proie aux nocturnes carnages… Étendues sur leurs coussins, indolentes et dédaigneuses, le masque abêti, les chairs flasques, nourries d’ordures, toutes, elles étaient là, si pareilles, que je reconnaissais Juliette en chacune d’elles… Le défilé me parut plus lugubre que jamais… En regardant ces chevaux, ces panaches, ce soleil sanglant, qui faisait reluire les panneaux des voitures comme des cuirasses, toute cette mêlée ardente d’é-