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elle courir au plaisir, les oreilles encore pleines du bruit de mes sanglots, la bouche encore humide de mes prières ?… Les filles les plus perdues, les créatures les plus damnées ont parfois des arrêts dans leur existence de débauche et de proie ; il y a des moments où elles laissent le soleil pénétrer leur cœur refroidi, où, les yeux tournés vers le ciel, elles implorent l’amour qui pardonne et qui rachète !… Juliette ! jamais !… quelque chose de plus insensible que le destin, de plus impitoyable que la mort, la poussait, l’emportait, la roulait éternellement, sans un répit, sans une halte, des amours fangeuses aux amours sanglantes, de ce qui déshonore à ce qui tue !… Plus les jours s’écoulaient, plus la débauche marquait sa chair de flétrissures. À sa passion, jadis robuste et saine, se mêlaient aujourd’hui des curiosités abominables, et cet inassouvissement farouche, cet alcoolisme de l’amour inextinguible, que donnent les plaisirs irréguliers et stériles. Hormis les nuits où l’épuisement revêtait les formes imprévues de l’idéal le plus pur, on sentait sur elle l’empreinte de mille corruptions différentes et raffinées, de mille fantaisies perverses de blasés et de vieillards. Il lui échappait des paroles, des cris, qui ouvraient sur sa vie, brusquement, des horizons de fange enflammée ; et, bien qu’elle m’eût communiqué l’ardeur dévorante de ses dépravations, bien que j’y goûtasse une sorte de volupté infernale, criminelle, je ne pouvais, souvent, regarder Juliette sans frissonner de terreur !… En sortant de ses bras, honteux,