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tent pour ne pas me saluer… Et, malgré moi, je prends les allures sournoises et serviles des gens tarés qui vont, l’œil louche, l’échine craintive, en quête d’une main tendue !… Ce qui est horrible, voyez-vous, c’est que je me rends compte très nettement que, seule, la beauté de Juliette me protège. Ce sont les désirs qu’elle excite, c’est sa bouche, c’est le mystère dévoilé et profané de son corps qui, dans ce monde de joie, me couvrent d’une fausse estime, d’une apparence menteuse de considération… Une poignée de main, un regard obligeant, cela veut dire : « J’ai couché avec ta Juliette, et je te dois bien cela… Tu aimerais peut-être mieux de l’argent… En veux-tu !… » Oui, que je quitte Juliette, et, d’un coup de pied, je serai rejeté hors de ce milieu même, de ce milieu facile, complaisant et perverti, et j’en serai réduit à l’amitié borgne des croupiers et des souteneurs !… »

J’éclatai en sanglots… Lirat ne remua pas… ne leva pas la tête sur moi… Immobile, les mains croisées, il regardait je ne sais quoi… rien sans doute… Je continuai, après quelques minutes de silence :

— Mon bon Lirat, vous souvenez-vous, dans l’atelier, de nos causeries ?… Je vous écoutais, et c’était si beau ce que vous me disiez !… Sans vous en douter peut-être, vous éveilliez en moi des désirs nobles, des enthousiasmes sublimes… Vous me souffliez un peu des croyances, des ambitions, des élans hautains de votre âme… vous m’appreniez à lire dans la nature, à