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entraîné Marie jusqu’à souiller sa bouche, et probablement, tout son délicieux corps, au contact du petit bossu ?

J’étais, est-il besoin de le dire, prodigieusement humilié. Et loin que ce baiser me guérît de mon amour, il l’augmenta, au contraire, d’une violence telle, que je ne connus plus une minute de repos. C’est alors que je m’enfonçai, avec une joie de meurtre, dans les plus rugissantes ténèbres de l’alcool.

III

Le petit bossu !… Je ne pouvais pas le croire. Non… non… Quand je passais devant ses fenêtres, encadrées de vignes, et que je la voyais, penchée sur son ouvrage, les bras nus, la nuque toute rose, rayonnante de toutes les gloires de la chair, tout en moi protestait contre cette prostitution absurde et infâme… Non… non… ce n’était pas vrai.

Pourtant, je voulus en avoir le cœur net.

Un après-midi que Marie était venue apporter du linge à la maison et que nous étions seuls, tous les deux, dans la maison, je lui demandai brusquement :