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attaquable. Je ne sais pas jusqu’à quel point… Enfin, vous ferez ce que vous voudrez !…

— Un procès ! gémissait mon père… Ah ! ma foi, non !… Et puis la blessure n’en serait pas moins là…

Cependant, il serra la copie dans son portefeuille et revint bien vite à la maison, où M. et Mme Robin l’attendaient.

En entendant la lecture du testament, ma mère eut peine à se contenir. Mme Robin poussa des cris de révolte ; M. Robin s’exclama :

— Il est nul, nul, nul !… C’est un autel à l’impiété, à l’immoralité… Il est nul !… Et comment délivrer ce legs au premier défroqué !… Il est nul.

Durant trois heures, il cita des commentaires du Code civil, des arrêts de la Cour de cassation. Dans les yeux de ma mère était une effrayante et sombre lueur de haine. Mon père, doucement, se plaignait !…

— Pas un souvenir pour le petit !… Et si vous saviez comme nous l’avons soigné !… Le petit lui faisait la lecture… Son filleul, madame Robin, est-ce croyable !… Ah ! il doit rire de nous, Servières !… La bibliothèque à Servières ? Je vous demande un peu !


L’enterrement fut simple et court, ainsi que mon oncle le désirait. Il fut même presque gai. Pas un prêtre ne vint des paroisses voisines. Comme pour les pauvres gens, aucune draperie ne décora le portail de l’église, ni le maître autel, et l’orgue resta muet. Mais