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qui, toutes, aboutissaient autour d’une sorte de rond-point, occupé, en son milieu, par une statue de la Vierge, à l’abri sous un laurier sauce. Un courtil, planté de pommiers, attenait au jardin. Rien ne manquait pour rendre le séjour agréable, ni les communs bien aménagés, ni la basse-cour, parfaitement disposée pour l’élève des volailles et des lapins. Jules n’avait pas, non plus, à subir de côte-à-côte, souvent gênant, avec son vicaire ; celui-ci habitait un petit pavillon, à l’entrée des communs, et, très discret, ne se montrait qu’aux heures des repas.

Pourtant, ses visites terminées, il s’ennuya. Partout où il s’était présenté, il avait reçu un très froid accueil qu’il attribua à la fâcheuse aventure de l’évêché, sans réfléchir que son premier sermon suffisait à justifier l’attitude gourmée de ses paroissiens. Il ne s’en émut pas, d’ailleurs : « Eux chez eux ; moi chez moi, j’aime mieux ça ! » Et ce fut tout.

Loin de trouver un apaisement en cette calme retraite où nul bruit n’arrivait, ses nerfs se tendirent plus encore, au point qu’à la maladie morale vint s’ajouter une réelle souffrance physique. Il ne dormait plus ; une exaspération de tous ses membres le jetait hors du lit, et il passait ses nuits à marcher dans sa chambre, le cœur gonflé d’il ne savait quelle noire tristesse. Cela inquiéta vivement sa mère.

Mme Dervelle était venue à Randonnai pour y installer son fils. Elle avait mis à l’arrangement du presbytère toute son adresse de maîtresse de maison éco-