Page:Mirbeau - L’Abbé Jules, éd. 22, Ollendorff.djvu/117

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le misérable allait le pousser à la porte, quand, se ravisant, à l’idée de se divertir aux dépens du moine, il reprit d’un ton goguenard :

— Écoute, mon vieux carme… Je veux bien t’en donner, de l’argent… mais à une condition : c’est que tu viendras le prendre là, où je le mettrai… Et je parie que tu n’y viendras pas !

— Je parie que si ! fit le Père Pamphile d’une voix ferme et grave.

— Eh bien, mâtin !… nous allons voir ça !… D’abord, fais-moi le plaisir d’aller au fond de la salle ; mets-toi, à quatre pattes, comme un chien, ton sale museau en face de cette fenêtre… et attends.

Tandis que le religieux obéissait tristement, Lebreton se dirigea vers la fenêtre, mettant toute la longueur de la salle entre sa victime et lui. Il retira de sa poche une poignée d’or qu’il déposa sur le plancher, fit tomber sa culotte, s’agenouilla, et troussant sa chemise, d’un geste ignoble :

— Je parie que tu n’y viendras pas, grand lâche ! cria-t-il.

Le Père Pamphile avait pâli. Le cou tendu, le dos arqué, les yeux stupides, en arrêt sur cette offensante chair étalée, il hésitait. Pourtant, d’une voix redevenue tremblante, d’une voix où passait le gémissement d’un sanglot, il répondit :

— Je parie que si.

Alors, Lebreton ricana, prit une pièce de vingt francs, l’inséra dans la fente de ses fesses rapprochées.