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Le plus étrange, c’est que, convaincue de l’abjection de Dreyfus et de son crime, la province ne se passionne pas. Impossible de la faire sortir de son calme pesant et de sa torpeur… Que Dreyfus soit vraiment un traître, ou qu’il soit innocent et que, innocent, il ait subi l’indicible martyre sous les tenailles de Lebon et les brodequins de Chautemps, de même que l’élégant gentilhomme de Nion, la province « s’en fout ». Le conseil de guerre de Rennes acquittera ou condamnera, cela lui est totalement indifférent. La province « s’en fout ».