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Dans ces moments tragiques où se joue la destinée de tout un peuple, et où j’imagine que tous ceux-là qui sentent, qui pensent et qui aiment, ne devraient avoir qu’une pensée commune de défense, rien ne m’est plus pénible que cette indifférence lourde et vaseuse où le pays s’enfonce de plus en plus. Chaque jour, de la colère sauvage ou de l’erreur violente on peut espérer des réactions salutaires… Qu’espérer de cette atonie qui fait que chaque face humaine est un mur intraversable, où les mots d’appel et de pitié se brisent avant d’avoir été entendus, où les idées généreuses — même les idées de justice — retombent en miettes, en poussières vaines que le vent emporte aussi-