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penchée, sa nuque innocente où jouaient les mèches blondes, les virginales mèches blondes, me fut comme un reproche violent de ma brutalité ! Et mon cœur connut toutes les délices, toutes les sublimes délices du repentir.

— Donnez-moi votre main, mademoiselle Julia, prononçai-je solennellement… Vous n’avez plus rien à craindre de moi…

— Est-ce bien vrai ? dit-elle.

— Je vous le jure !

— C’est si vilain, ce que vous avez fait !… Ici, chez ma mère !… Et le monde qui pouvait venir !…

Elle découvrit son visage. Ses yeux, un peu rouges n’exprimaient plus ni la honte, ni l’horreur, ni l’étonnement. Je fus même un peu déçu par l’air d’ironie qu’ils me marquèrent… Pourtant elle me donna sa main, que je tins dans la mienne, quelques secondes.

— Au revoir, Mademoiselle Julia.

— Au revoir, Monsieur…

Et je remontai à l’atelier, l’esprit vague, ne sachant plus quels sentiments étaient en moi.