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— Oh ! oui ! des livres d’amour !… des livres comme on m’en prêtait à l’atelier !

Un sang plus chaud coulait dans mes veines ; je sentais mes muscles plus forts et capables d’une étreinte virile.

— Je vais vous chercher des livres ! dis-je d’une voix résolue et brave.

Je partis, comme un héros qui va conquérir un monde nouveau.

Quand je revins, chargé de volumes, la mère était dans la loge, je n’osai pas y entrer et je remontai dans l’atelier de Lucien.

Ce jour-là je n’eus pas à lutter contre les fantômes. Toutes les formes étaient divines, toutes les couleurs radieuses. C’était, en moi, comme un jaillissement de fleurs magnifiques et pures, c’était, sur moi, comme une ondée de parfums…

Et je ne cessai de me répéter cette phrase de Julia, cette phrase qui m’était une révélation de l’amour.

— De beaux livres qui font pleurer !…