Page:Mirbeau - Chez l’Illustre écrivain, 1919.djvu/48

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

toutes !… Elle est en retard… certainement… elle est en retard… Qu’est-ce que cela prouve ?… Son mari, si elle est mariée… Sa mère, si c’est une jeune fille… Est-ce que je sais, moi ?…

Le Valet de chambre, ironique. — Enfin, attendons…

L’illustre Écrivain. — Dieu ! que tu es assommant, avec tes doutes !… D’ailleurs, je ne sais pas pourquoi je tolère tes familiarités !… On n’a pas idée d’un valet de chambre comme toi !

Le Valet de chambre, très digne. — Monsieur ne dit pas ces choses-là quand Monsieur est embourbé dans le marécage de ses phrases… Monsieur est bien heureux de m’avoir pour s’en tirer !

L’illustre Écrivain, arpentant la chambre, de plus en plus nerveux. — C’est bon !… C’est bon !…

Le Valet de chambre, même jeu. — Monsieur devrait se rappeler que je suis pour lui plus qu’un valet de chambre… que je suis un collaborateur !… Monsieur n’est pas juste !

L’illustre Écrivain. — C’est bon !… C’est bon !… Et tais-toi… (Long silence.) Quatre heures et demie !… Ces sacrées femmes !… Toujours la même chose !… Jamais elles ne peuvent venir à l’heure !… (On sonne.) Ah ! enfin !… C’est elle. (Au Valet de chambre.) Va donc !… Mais va donc !… (Le Valet de chambre sort. L’Illustre Écrivain se met devant la glace. Il rectifie sa cra-