Page:Mirbeau - Apologie pour Arthur Meyer, paru dans L’Aurore, 16 février 1899.djvu/3

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Samedi soir, à Rouen, après la conférence que Louis Havet, Francis de Pressensé et moi donnâmes dans la grande salle du Château-Baubet, nous rentrâmes à l’Hôtel d’Angleterre où nous étions descendus. Disons, en passant, à la Patrie et à la Libre Parole, qui content notre fuite éperdue — fuir, toujours fuir ! — que nous rentrâmes fort tranquillement à pied, les antisémites étant occupés à assommer, dans sa voiture, un brave monsieur qu’ils avaient pris pour notre ami Pressensé et qui n’était autre qu’un de leurs plus fervents alliés… La sagesse des nations nous explique qu’on n’est jamais trahi que par les siens… Ce pauvre monsieur en a fait samedi la dure expérience.