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admirables, et qui n’appartiennent qu’à vous… Jamais vous ne saurez combien vos : « Vive la France, gredins ! » vos : « Au revoir, messieurs ! » vos : « À demain, traîtres ! » m’ont souvent réjoui. Quand on doute de soi et qu’on vous lit, l’effet est miraculeux ; on a, tout de suite, une petite fierté de soi-même… Et c’est consolant !

Ah ! monsieur, il y a une chose qui m’étonne et que j’admire : c’est votre bêtise, c’est votre persistance, votre ténacité dans la bêtise ; de quoi vos amis s’amusent plus encore que vos adversaires… Comment cela peut-il arriver que vous n’ayez jamais un répit, jamais le moindre repos, dans la bêtise ?… Je sais bien que quand on est bête, c’est pour longtemps…