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À M. Lucien Millevoye



Il fait triste au dehors ; le ciel est tout gris, les façades des maisons semblent suinter de la suie. Et je pense à vous ; je veux dire que je ne pense à rien…

Ce n’est pas, pourtant, que vous me soyez indifférent ou antipathique. Je vous dois des heures gaies. Quand le découragement me prend, j’achète la Patrie, et cela me réconforte. Vous ne vous doutez pas, vous ne vous douterez jamais de la cocasserie énorme de vos articles. Vous avez surtout le secret de les terminer par des exclamations vraiment