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LE RIDEAU LEVÉ


remplie de vieux meubles, presque jusqu’au plancher ; il n’y avait de libre qu’un passage qui conduisait à une autre porte qui donnait sur un escalier dérobé, duquel on descendait dans une petite cour, d’où l’on sortait dans une ruelle déserte et écartée.

Ma tante croyait ce quartier bien fermé ; mais si elle en avait les clefs, Justine avait trouvé le moyen d’en avoir le passage libre. Dans cette espèce de garde-meubles, il y avait, à quelque hauteur, à l’égalité du pied du lit, une ouverture qui avait été ménagée dans la muraille pour y mettre une croisée qui aurait donné du jour dans cette chambre, étant vis-à-vis les fenêtres de celle de Justine ; mais l’usage qu’on faisait de cette pièce rendant cette précaution inutile, cette ouverture était couverte par la tapisserie qui entourait la chambre de Justine ; je m’aperçus de cette ouverture, je grimpai sur les meubles pour chercher s’il n’y aurait pas quelque trou ; n’en trouvant pas d’assez grand, je pris mes ciseaux, et je fis une ouverture suffisante pour découvrir partout dans la chambre, et particulièrement sur le lit, auquel je ne pensais guère alors. Charmée d’avoir trouvé ces moyens, et dans le dessein d’en profiter, je me retirai au plus vite, en refermant la porte. J’avais remarqué que lorsque Isabelle allait dans la chambre de Justine, c’était presque aussitôt après le dîner.

Un jour, ma tante devait aller passer