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Le ciel semblait conjuré contre moi. Un orage affreux m’oblige de m’arrêter à Verneuil : j’étais percé, je n’avais rien pour changer ; je me jette dans une auberge pour me sécher, et, rendu de fatigue, je me résous bientôt à y passer la nuit. Seul dans ma chambre, j’y broyais du plus beau noir possible : l’histoire de l’abbé de Rancé me montait au quatrième siècle ; je ne voyais rien de si beau que ces longs cimetières dont quelques lampes sépulcrales perçaient à peine les sombres horreurs ; j’entendais cette cloche funèbre qui semble appeler la mort ; je la voyais s’avancer à pas lents ; Comminge et Euphémie étaient devant mes yeux ; je prenais le travail pénible de mon imagination délirante pour l’héroïsme de la vertu ; j’allais enfin m’enfoncer dans ces demeures funèbres, où