Page:Mirabeau - Le Libertin de qualité ou Ma Conversion, 1801.djvu/131

Cette page a été validée par deux contributeurs.
( 123 )


paupière !… Je suis sombre : mes pensées tumultueuses s’agitent, se choquent, se confondent ; je reviens à pas lents, l’air rêveur, la tête penchée… Je rentre dans un sallon brillant d’or et de glaces, elles me retracent vingt personnes qui fixent un tapis vert… Ô source nouvelle d’ennui, de consomption !… Je reviens à la ville ; toute la vitesse de mes chevaux ne me sert pas à mon gré ; je suis à peine arrivé, que je voudrais être ailleurs ; je cherche avec ardeur des objets nouveaux… Ah ! il n’en est point qui puissent guérir un cœur blasé sur tout.

Essayons du moins de le distraire. Fuyons, fuyons la perfidie des cours, le tumulte des villes. Cherchons une retraite… Je l’ai trouvée ; j’y vole sur les ailes de l’espérance et du désir.

Au milieu de ces riches contrées que la Marne indocile fertilise dans son