Page:Ministère de la Marine - Exposé général des résultats du patronage des esclaves dans les colonies françaises, 1844.djvu/27

Cette page n’a pas encore été corrigée
18
PATRONAGE DES ESCLAVES.

Or.GAMSATlON

KT EXEnciCR

ne PATRO?tAGE.

G ayane française.

PATRONAGE DES ESCLAVES. 

tion de l'ordonnance : vous les appréciez ; mais il est nécessaire qu en France soit bien convaincu de l'impossibilité de se conformer à ses prescriptions. (( La Guyane française a quatre-vingts lieues de côtes , coupées par douze cours d*eau qui , à quelques lieues de leur embouchure , se divisent , pour la pli en plusieurs branches; les habitations sont situées sur les rivières ou les criqaes s y jettent; en général, elles ne communiquent entre elles quau moyen d' cations, et, pour aller de Tune à Tautre, il faut presque toujours profiter de la sans quoi l'on ne pourrait parvenir au débarcadère. Il en résulte que , dans un donné , on ne peut visiter que le quart des habitations que Ton visiterait dans Antilles.

«Dans la saison des pluies, il est impossible de remonter les rivières au delà quelques lieues , si ce n'est dans les grandes marées ; le courant est insurmoni pour les embarcations les mieux armées. Si l'on ajoute à cet obstacle rinconvémi d'être exposé à des pluies diluviales incessantes, on comprendra facilement qoc visites ne puissent se faire que pendant le petit été de mars , qui dure d'un mw six semaines, et pendant le grand été , qui commence en juillet et finit en octiobre. «Dans les six semaines de l'été de mars, tous les membres du parquet emplm' à la visite des habitations ne parviendraient pas à visiter la Guyane entière; le gruii été sufiit à peine pour la visite générale : encore ne pourrait-elle être faite par ux seule personne. En effet, si le travail du sol est interdit aux Européens sous pcbe de mort, l'Européen, sous peine de mort, ne pourrait pendant trois ou quatre mtf voyager dans un canot, sous le soleil de la Guyane, et parcourir des habitations située» eu grand nombre sur des terrains d'alluvion , au moment où les savanes desséchées laissent échapper des miasmes délétères.

« Comment le procureur du Roi pourrait-il se conformer aux dispositions de far ticle a de l'ordonnance qui prescrit une visite mensuelle dans son ressort, ressort qui comprend toute la Guyane? Comment le procureur général pourrait-il faire deux tournées générales par an? il n'a pas de substitut, alors que deux ne lui sufifiraient pas. « Dans les Antilles, chaque paroisse a son curé, chez qui le membre du parqud peut être reçu ; qs quartiers ne sont pas assez grands pour qu'il ne puisse rentrer chaque soir à la maison curiale; il ne se trouve pas à la merci des habitants qu'il ia visiter: il peut dès lors agir avec indépendance. Il n'en est pas ainsi dans la Guyane; il n'y a encore que deux cures établies, celle de Sinnamary et celle d'Âpprouague; mais , en admettant que le membre du parquet pût descendre chez les curés , il n'en serait pas moins obligé de demander la table et le logement aux habitants qui se trouvent à quatre, cinq, six, sept, huit, quelquefois à douze lieues de leiur presbytère. Sa position devient fausse quelquefois: quelque ferme et indépendant qu'il soit, il est entravé par les obligations qu'il a contractées envers ceux qui l'ont reçu, A la Guyane , il est impossible de se procurer des provisions pour des absences de quinze