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dans la maturité de leurs facultés. Nous ne parlons pas des enfants ni des jeunes gens des deux sexes qui n’ont pas atteint l’âge fixé par la loi pour la majorité. Ceux qui sont encore d’âge à réclamer les soins d’autrui, doivent être protégés contre leurs propres actions aussi bien que contre tout dommage extérieur. Par la même raison, nous pouvons laisser de côté ces sociétés naissantes où la race elle-même peut être regardée comme mineure. Les premières difficultés sur la route du progrès spontané sont si grandes, qu’on a rarement le choix des moyens pour les surmonter. Aussi tout souverain plein de l’esprit du progrès est-il autorisé à se servir de tous les expédients pour atteindre ce but, qui autrement peut-être lui eût toujours échappé. Le despotisme est un mode légitime de gouvernement quand on a affaire à des barbares, pourvu que le but soit leur amélioration et que les moyens soient justifiés en atteignant réellement ce but. La liberté, comme principe, ne peut s’appliquer à un état de choses antérieur au moment où l’espèce humaine devient capable de s’améliorer par une libre et équitable discussion. Jusque-là, elle n’a de ressource que dans l’obéissance implicite à un Akbar ou à un Charlemagne, si elle a le bonheur d’en trouver un. Mais dès que le genre humain est capable d’aller au progrès par la conviction ou la persuasion (un point atteint depuis longtemps par toutes les nations dont