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devant ceux qu’elles ne pouvaient convertir. En conséquence, c’est presque uniquement sur ce champ de bataille que les droits de l’individu contre la société ont été revendiqués d’après des principes bien établis, et que le droit de la société d’exercer son autorité sur les dissidents fut ouvertement controversé. Les grands écrivains auxquels le monde doit ce qu’il possède de liberté religieuse, ont revendiqué la liberté de conscience comme un droit inaliénable, et ils ont nié absolument qu’un être humain dût compte aux autres de sa croyance religieuse. Cependant l’intolérance est si naturelle à l’espèce humaine pour tout ce qui lui tient réellement au cœur, que la liberté religieuse n’a existé presque nulle part, excepté là où l’indifférence religieuse, qui n’aime pas à voir sa paix troublée par des disputes théologiques, a jeté son poids dans la balance.

Dans l’esprit de presque toutes les personnes religieuses, même des pays les plus tolérants, le droit de tolérance est admis avec des réserves tacites. Une personne laissera dire les dissidents en matière de gouvernement ecclésiastique, mais, non en matière de dogme ; une autre peut tolérer tout le monde, excepté un papiste ou un unitaire ; une troisième, tous ceux qui croyent à la religion révélée ; un petit nombre vont plus loin dans leur charité, mais s’arrêtent à la croyance en un Dieu et en une vie future. Partout où le sentiment de la majorité est encore