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rapport entre l’utilité et la justice

principe, elles avouent que les engagements volontaires peuvent être mis de côté sous prétexte de fraude, d’erreur ou de manque d’informations.

Encore une fois, lorsqu’on a admis la légitimité du châtiment, que de notions contradictoires de la justice on met en lumière, lorsqu’on en vient à discuter quelle doit être la proportion de la punition à l’offense ! La loi qui se présente avec le plus de force devant le sentiment primitif et spontané de la justice, c’est la lex talionis, œil pour œil, dent pour dent. Quoique cette loi, qui est le principe de la loi juive et mahométane, soit généralement abandonnée en Europe comme maxime pratique, je soupçonne cependant beaucoup d’esprits d’avoir pour elle de secrètes préférences. Quand, accidentellement, cette loi est mise en pratique, le sentiment général de satisfaction qui suit montre combien est naturel le désir de cette sorte de remboursement en espèce. Pour beaucoup, la justice doit proportionner la peine au crime ; c’est-à-dire qu’on doit mesurer exactement la peine à la culpabilité morale de l’accusé (quel que soit d’ailleurs le principe d’après lequel on mesure la culpabilité morale). D’après ces personnes, l’évaluation de la somme du châtiment qui est nécessaire pour punir le crime n’a rien à faire avec la question de justice.