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de Dalberg. Il lui dévoilait toute sa misère. « Je pourrais rougir d’un tel aveu, lui disait-il ; mais je sens qu’il ne m’humilie point. Il est assez pénible de voir se réaliser en moi cette affreuse malédiction, qui prive tout Souabe au cœur libre de l’air et de l’espace nécessaires à son développement. Dans huit jours, il ne me restera plus aucun moyen d’existence. Un second drame est à votre disposition, et vous connaissez maintenant mon infortune. Si vous vouliez donc m’avancer cent florins, vous me tireriez d’embarras. La Conjuration de Fiesque vous indemniserait et si elle ne rapportait pas assez (un drame de Schiller ne pas valoir 200 fr. !), je compléterais la somme avec les honoraires de la pièce suivante. »

Il n’est pas inutile de dire que le baron possédait de grandes richesses et qu’il passait pour un généreux Mécène.

La réponse arriva. Schiller la lui, et détournant les yeux, les fixa pensivement sur les eaux du Mein. Dalberg lui refusait la plus légère avance ; la pièce ne lui semblait pas appropriée au théâtre; il fallait d’abord la corriger; ensuite, il verrait.

Ce fut sans doute alors qu’eut lieu cette triste promenade décrite par sa belle-sœur. Pour dissiper son chagrin, il se mit à parcourir la ville; mais ses ennuis l’escortaient comme une garde d’honneur. Enfin, se trouvant sur un pont, il considéra l’abîme d’infortune dans lequel il était descendu, el