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sur l’allemagne.

Le lendemain Streicher courut chez le régisseur. « Vous avez raison, lui cria celui-ci dès qu’il l’aperçut, vous avez raison! La pièce est excellente et mieux coordonnée que les Brigands. Mais savez-vous ce qui nous l’a fait paraître si détestable ? Le mauvais accent de l’auteur et sa ridicule manière de déclamer. »

Streicher se garda bien de lui répéter cette dernière phrase.

Cependant le baron de Dalberg ne revenait point de Stuttgardt où l’avaient appelé les fêtes. Schiller, craignant d’être livré au duc parle gouvernement palatin, résolut de quitter Manheim pour Francfort, sauf à regagner la première ville dans quelques semaines.

Leurs fonds avaient tellement baissé qu’ils ne purent prendre la diligence. Ils n’avaient pas l’habitude de la marche, et la route leur sembla fort longue. Néanmoins, les voyages ont un si grand charme pour la jeunesse qu’elle oublie aisément la fatigue 5 on dirait qu’une voix lointaine l’appelle derrière l’horizon; les fleurs ont l’air de lui sourire, et le loriot niché dans les aulnes la salue gaîment de ses chansonnettes. Deux jours s’écoulèrent ainsi; le troisième ils éprouvèrent une grande lassitude. Schiller voulut prendre quelque repos dans une auberge ; les vociférations, les hurlements de joie que poussaient les buveurs ne le lui permirent point.