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ne pouvait se remettre de l’agitation que lui causait une si audacieuse entreprise. Il les invita néanmoins à dîner, et les amis se quittèrent pour chercher un logement. Le repas fini, Schiller écrivit au duc Eugène.

Il lui rappelait d’abord la contrainte dont il avait usé à son égard, puis le remerciait des nombreuses faveurs qu’il avait bien voulu lui accorder. Passant aux véritables questions, il lui démontrait l’impossibilité de se suffire avec la solde extrêmement petite qu’il avait reçue jusqu’alors. H le priait d’annuler sa défense, de lui permettre chaque année un voyage au-delà des frontières souabes. Enfin il lui demandait de s’engager, sur sa parole ducale, à ne lui infliger aucun châtiment pour son évasion.

Au bout de deux jours, Charles lui fit répondre que, « grâce à la présence de ses nobles hôtes, il serait fort miséricordieux ; mais qu’il se hâtât de rentrer dans le devoir. »

Une seconde lettre, où le jeune écrivain sollicitait une déclaration plus précise, fut suivie d’une réponse identique.

Il n’y avait plus moyen de se faire illusion, et Schiller ne pouvait plus rien attendre de son maître. Ainsi qu’un bel enfant sorti du verger paternel, la robe pleine de fruits et de fleurs, il devait laisser choir le long de sa route bien d’autres songes dorés, bien d’autres chimères aussi